Depuis quelques années, j’enseigne à des étudiants sur le point d’entrer dans le monde du travail et je me suis rendu compte que l’essentiel n’était pas ce qu’ils apprenaient mais comment ils l’apprenaient. J’ai compris que pour les préparer à ce qui les attendait, le plus important n’était pas de leur transmettre le maximum de savoirs mais plutôt de les aider à développer leur faculté d’apprentissage, à entraîner leur capacité à apprendre, bref à devenir de meilleurs « apprenants ». En effet, la faculté d’apprentissage est à l’origine de toutes les autres compétences et elle est au cœur du développement personnel et du succès professionnel. Notre capacité à apprendre est nécessaire pour progresser efficacement au travail, indispensable pour entreprendre avec succès et fondamentale pour faire face sereinement aux imprévus et aux nombreuses difficultés de la vie. Les managers que j’accompagne et qui rencontrent des difficultés à atteindre leurs objectifs ont tous en commun d’être face à des situations dont ils n’arrivent pas à tirer « toutes les leçons ». Pour avancer, c’est bien une posture d' »apprenant » qu’ils doivent adopter : comprendre les problèmes auxquels ils font face, y trouver des solutions adaptées et essayer de les mettre en oeuvre. Cette faculté d’apprentissage, nous sommes tous capables de la développer, de la renforcer, de l’entretenir, quelles que soient nos capacités intellectuelles et quel que soit notre âge. Mais pour cela, il nous faut changer de perspective, changer de posture et nous mettre au travail.
Voici 5 conseils pour développer sa capacité à apprendre :
1. Comprendre le processus d’apprentissage
Tout d’abord, il nous faut comprendre que l’acquisition de toute nouvelle compétence est un processus composé de plusieurs étapes. Voici les 4 phases du modèle d’apprentissage d’Abraham Maslow :
- Phase 1 : Incompétence inconsciente. « Je ne sais pas que je ne sais pas ». Cette première étape est la phase d’enthousiasme et de curiosité précédant nos premiers essais. Avant de commencer, nous ne sommes alors même pas conscients de notre incompétence.
- Phase 2 : Incompétence consciente. « Je sais que je ne sais pas ». Cette étape se révèle dès notre première tentative. Nous nous rendons compte de ce que nous ne savons pas faire. Cette phase est plus difficile. Face aux difficultés, nous pouvons prendre peur et notre motivation peut être mise à mal. Il nous faut persévérer pour passer à la phase suivante.
- Phase 3 : Compétence consciente. « Je sais que je sais ». Dans cette phase, nous commençons à acquérir les compétences que nous recherchions. Mais pour ne pas échouer à nouveau ou perdre la main, il nous faut y penser constamment. Cette phase requiert toute notre attention et notre énergie pour rester sur le bon chemin. C’est aussi une phase d’amélioration.
- Phase 4 : Compétence inconsciente. « Je ne sais plus que je sais ». A ce moment-là, nous maîtrisons vraiment les compétences que nous cherchions à acquérir. Cela devient naturel, intuitif, nous n’avons même plus à y penser. Pour parvenir à cette étape, il nous a fallu beaucoup pratiquer et répéter.
2. Choisir des objectifs adaptés à ses capacités
Quand on souhaite progresser et apprendre, il est fondamental de bien choisir les objectifs que l’on souhaite atteindre, pour qu’ils soient à la fois stimulants et réalistes. Le modèle d’apprentissage développé par Tom Senninger nous permet d’illustrer comment créer des situations d’apprentissage idéales en distinguant les 3 zones dans lesquelles nous pouvons évoluer :
- La zone de confort : c’est une zone confortable, celle de nos acquis. Les taches que nous accomplissons dans cette zone sont faciles pour nous et sans risque. Tellement faciles que nous n’apprenons rien. Il n’y a pas de progression possible et peu de motivation.
- La zone de panique ou d’angoisse : Cette zone est contre-productive. Les objectifs que nous nous sommes fixés sont excessifs et les taches que nous tentons d’accomplir trop difficiles pour nous. Nous sommes dépassés, le stress est important et nous perdons notre faculté d’adaptation. Nous ne pouvons rien apprendre dans cette situation non plus.
- La zone d’apprentissage : Voici la zone la plus favorable et la plus intéressante, elle se situe entre les 2 zones précédentes. Les défis que nous essayons de relever sont ambitieux mais à notre portée. Nous ressentons un léger stress mais il est acceptable et notre concentration est accrue. Nous sommes en territoire inconnu mais avec des repères suffisants pour progresser. C’est une zone dans laquelle on se sent bien, à la fois vivant et confiant, en plein exercice de nos capacités.
Vous l’aurez compris, l’idéal est de rester le plus possible dans sa zone d’apprentissage. Pour ce faire, une fois que les objectifs que nous nous sommes fixés sont atteints et que nous nous sentons à nouveau en zone de confort, il est temps de repousser nos limites pour apprendre à nouveau.
3. Accepter la confusion
« La révélation est toujours précédée de la confusion », nous dit l’hypno-thérapeute Milton Erickson. En effet, la confusion est un état inévitable avant de parvenir à la compréhension, un signe que nous sommes proches, en tout cas que nous ne sommes pas si loin. A ce moment-là, nous savons des choses mais pas encore tout; il faut poursuivre, rester concentré et surtout ne pas se décourager. Nous sommes certainement moins loin que nous le pensons. Quand j’explique certaines formules complexes à mes étudiants, certains me disent parfois : « je n’ai pas du tout compris »; en réalité, ils se trompent, ce qu’ils veulent dire, c’est qu’ils n’ont pas « tout à fait compris ». Je le sais, il leur suffit alors de très peu de choses pour que tout s’éclaire. Ainsi, ne laissons pas tout tomber quand nous sommes en pleine confusion, accueillons-la plutôt, acceptons-la sans impatience, et même avec gourmandise. Car quel plaisir ensuite que la révélation qui succède au brouillard de la confusion! Voilà un vrai bonheur, un accomplissement qui nous fait du bien, renforce notre confiance en nous et nous donne le sentiment de progresser.
4. Pratiquer, pratiquer, pratiquer…
Il n’y a pas d’apprentissage, ni même de compréhension réelle si on ne pratique pas. Pour acquérir une compétence particulière, il ne suffit pas d’avoir vaguement saisi comment faire, il faut essayer soi-même et se tromper jusqu’à ce qu’on y arrive. Et une fois qu’on y est parvenu, on doit répéter pour mieux la maîtriser, et répéter encore pour que celle-ci devienne un véritable réflexe. Par exemple, imaginez-vous qu’il soit possible d’apprendre à conduire sans de nombreuses heures de conduite? Vous pouvez tant que vous voulez observer d’autres conduire mais seule la pratique vous permettra d’apprendre. Alors quand on sait ça, on peut en tirer 2 conséquences. La première, c’est de ne jamais se contenter d’une compréhension passive, d’un apprentissage théorique et de toujours chercher à mettre en application ce qu’on apprend. La seconde, c’est de ne pas attendre des autres qu’ils développent des compétences sans leur donner les moyens et le temps de pratiquer, d’essayer et de se tromper. Comprendre l’importance de la pratique, c’est donc également faire l’exercice de la patience, avec soi-même et avec les autres.
5. Considérer l’échec comme un enseignement
J’aime beaucoup cette citation de Robert Allen, « Il n’y a pas d’échec, que du feedback ». L’échec fait partie de l’apprentissage, il en est peut-être même le principal levier. Un échec n’est pas une sentence, un jugement, il est un résultat, une réponse à une tentative que nous avons faite. De ce résultat imprévu, nous pouvons apprendre, tirer des leçons pour ensuite essayer autre chose, différemment, et tenter d’obtenir un autre résultat. Je me souviens des conseils de mon ancien patron, Alec Gores, self made man américain, milliardaire et fondateur de The Gores Group, fonds d’investissement pour lequel j’ai travaillé. Alec ne cessait de nous répéter quand il s’adressait à l’équipe, « I want you to make mistakes ». Et j’avais du mal à comprendre totalement ce qu’il signifiait. Il voulait en fait que l’on prenne des initiatives et des risques, quitte à se tromper et à échouer, car c’était pour lui l’unique moyen de progresser et d’avancer. Je vous propose maintenant d’imaginer une scène fréquente dans un jardin, 2 petits enfants qui tentent d’escalader un château en bois. Les 2 échouent et tombent après leur première tentative. Le premier est déçu, frustré, il se sent humilié, il est même en colère contre ce « méchant château », il se met a pleurer et va se blottir dans les bras de sa mère. Le second, sans se poser de question, se relève immédiatement et essaie à nouveau, 5 fois, 10 fois, 15 fois, jusqu’à y parvenir. Face à l’échec, essayons de nous comporter comme le deuxième enfant.
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Fondateur de WINGMIND, David Chouraqui est conseiller et coach de dirigeants et d’équipes de direction. Il est spécialisé en audits RH, assessment des dirigeants et accompagnement des changements et des transformations.