Dans le parcours entrepreneurial, les obstacles que rencontrent les entrepreneurs et les dirigeants ne se limitent pas toujours à ceux que l’on peut voir ou mesurer. Souvent, les barrières les plus délicates et les plus dévastatrices sont celles que nous érigeons nous-mêmes, dans les profondeurs de notre esprit. Ces barrières, ces croyances limitantes, sont de véritables entraves à notre potentiel, nous retenant captifs dans une prison invisible de doute et d’incertitude. Je vous propose ici d’explorer 12 croyances limitantes répandues qui nuisent aux entrepreneurs et dirigeants, comme des chaînes invisibles qui freinent leur élan vers la réussite. Certaines vous seront probablement familières.
1. Je ne mérite pas de réussir
Souvent ancrée dans une faible estime de soi et non directement liée aux compétences ou aux réalisations, cette croyance peut être inconsciente et s’alimenter de comparaisons négatives ou de messages internes critiques. Elle mène à l’autosabotage et à une tendance à rester dans des situations d’échec, car le succès est inconsciemment perçu comme non mérité.
Pistes de développement : Identifier et remettre en question activement les pensées et comportements d’autosabotage. Chercher un soutien professionnel peut aider à remettre en question et à réévaluer cette croyance profonde.
2. Je ne suis pas capable
Cette croyance émerge souvent d’une comparaison avec les autres, renforcée par le syndrome de l’imposteur. Elle peut mener à une hésitation chronique, empêcher de saisir des opportunités par peur de ne pas être à la hauteur, et réduire la confiance en soi.
Pistes de développement : Se remémorer ses réussites, identifier ses compétences acquises, ses défis surmontés et solliciter les feedbacks de son entourage sur ses forces. Cela peut aider à visualiser sa valeur personnelle et à contrer le dialogue interne négatif.
3. Réussir et gagner de l’argent, c’est mal
Cette croyance se développe à partir de croyances sociétales, familiales, ou culturelles qui associent l’argent et le succès à des comportements égoïstes ou immoraux. Elle peut aussi provenir d’une interprétation erronée de principes éthiques valorisant la modestie ou le sacrifice. Elle peut conduire à l’autosabotage, à éviter la réussite financière, ou à éprouver de la culpabilité lorsqu’on atteint le succès.
Pistes de développement : Reconsidérer la relation avec l’argent et le succès en les voyant comme des outils pour faire le bien. S’engager dans des pratiques de générosité consciente peut aider à reprogrammer la perception que réussir et gagner de l’argent peuvent avoir des impacts positifs sur soi-même et sur les autres.
4. Je dois me débrouiller seul et ne pas demander d’aide
Cette croyance provient de la peur du jugement ou d’être perçu comme incompétent. Elle peut aussi provenir de la peur d’être redevable à ceux qui nous aident et d’une volonté d’autonomie excessive. Cela conduit à l’isolement, à la surcharge de travail, et potentiellement à des erreurs coûteuses par manque de perspectives diverses ou de soutien extérieur.
Pistes de développement : Reconnaître que savoir demander de l’aide est une force, pas une faiblesse. Commencer par de petites requêtes pour construire son confort avec la dépendance interpersonnelle. Choisir de demander de l’aide à des personnes de confiance ou à des personnes avec qui la relation n’est pas compliquée.
5. Je dois tout contrôler et faire tout seul
Cette croyance naît de la méfiance envers les capacités d’autrui ou de la peur de perdre le contrôle. Elle peut mener à l’épuisement professionnel, au micro-management et à la démotivation de l’équipe, et limiter la croissance de l’entreprise. Elle peut aussi inciter à éviter de faire venir dans l’entreprise des personnes talentueuses de peur de perdre du contrôle sur son entreprise.
Pistes de développement : Déléguer activement. Commencer par des tâches petites et clairement définies, et augmenter progressivement, en établissant des systèmes de feedback régulier.
6. Tout doit être parfait
Cette croyance peut résulter d’une peur profonde de l’échec, du jugement ou de perdre le contrôle. Elle paralyse l’action, retarde les projets, et peut empêcher de reconnaître et célébrer les succès. Elle fait perdre de vue l’essentiel et mobilise de l’énergie et des ressources sur des sujets superflues et des détails et peut faire perdre beaucoup de temps.
Pistes de développement : Adopter la philosophie du « suffisamment bien ». Fixer des échéances claires pour forcer des décisions et avancer. Prioriser régulièrement ses projets et taches pour se concentrer sur l’essentiel.
7. « Fake it until you make it »
Cette croyance (« Fais semblant jusqu’à ce que tu réussisses » en français) est souvent adoptée comme stratégie pour surmonter l’insécurité ou compenser un sentiment d’infériorité. Elle peut être aussi utilisée pour arriver à ses fins en faisant croire à ses interlocuteurs des choses qui n’existent pas. Elle peut entraîner une dissonance interne, une anxiété accrue, et un écart grandissant entre l’authenticité et la représentation de soi. Quand les autres s’en rendent compte, cela peut aussi créer une déception et briser confiance et crédibilité.
Pistes de développement : Travailler sur l’authenticité. Se concentrer sur l’acquisition de compétences réelles plutôt que de simuler la confiance. Eviter les petits mensonges (et les grands mensonges aussi!) qui peuvent enfermer.
8. Je dois éliminer toute négativité autour de moi
Cette croyance naît du désir de maintenir un environnement positif, mais peut devenir un rejet de toute critique constructive, avis ou fait négatif. Elle peut créer un état de déni face à des problèmes ou des crises, aboutissant à l’isolation et réduisant les opportunités de croissance personnelle et organisationnelle.
Pistes de développement : Ouvrir les yeux et les oreilles pour accepter le réel même si il est déplaisant. Chercher à comprendre la source de la négativité avec curiosité. Parfois, la critique peut être un outil précieux pour le développement et une source d’amélioration.
9. Je ne peux pas échouer
Cette croyance trouve son origine dans la peur de l’échec et est renforcée par la pression sociale et professionnelle pour réussir en permanence. Elle est paralysante et peut limiter la prise de risque nécessaire à toute réussite. Elle peut aussi amener à prendre de mauvaises décisions et à faire empirer certaines situations qui nécessitent d’admettre des échecs.
Pistes de développement : Intégrer que le chemin entrepreneurial est semé de nombreux échecs. Voir chaque échec comme une opportunité d’apprentissage et une motivation pour aller de l’avant. Analyser les échecs passés pour en tirer des leçons constructives.
10. Il faut travailler dur et longtemps pour réussir
Cette croyance est ancrée dans l’éthique du travail, mais peut etre interprétée comme valorisant le temps passé au travail plutôt que l’efficacité. Elle peut mener à l’épuisement et à la négligence de la santé et des relations. Elle peut aussi empêcher de trouver des moyens d’etre plus productif, d’innover ou d’investir son énergie et son temps d’une façon plus intelligente.
Pistes de développement : Prioriser les tâches à impact élevé et pratiquer une gestion du temps efficace pour travailler intelligemment, pas seulement dur. Déléguer les taches non importantes.
11. Le succès vient rapidement
Cette croyance est influencée par des histoires de réussites apparemment instantanées largement diffusées par les réseaux sociaux et la culture répandue aujourd’hui de la gratification immédiate. Elle peut entraîner une attente irréaliste de résultats immédiats, conduisant à la frustration et au découragement rapide.
Pistes de développement : Ajuster ses attentes et s’engager dans la perspective du long terme. Valoriser la persévérance et la croissance progressive.
12. Les relations professionnelles sont purement transactionnelles
Cette croyance découle d’une vision étroite des interactions professionnelles, centrée sur le gain immédiat et niant la qualité de la relation. Elle limite la profondeur et la durabilité des relations, réduisant les opportunités de collaboration significative. Elle a également un effet négatif sur l’aspect transactionnel des relations car elle n’inspire pas la confiance des interlocuteurs.
Pistes de développement : Cultiver des relations authentiques basées sur la confiance mutuelle et l’intérêt partagé, au-delà des transactions immédiates. Prendre le temps d’être en relation avec ses interlocuteurs avant de s’intéresser aux tâches et aux gains que l’on peut en tirer.
Conclure cet examen des croyances limitantes nous rappelle une vérité fondamentale : les plus grands obstacles à notre succès sont souvent ceux que nous nous imposons. En reconnaissant et en démantelant ces barrières internes, les entrepreneurs et dirigeants s’ouvrent à des possibilités de croissance et d’innovation sans précédent. La clé réside dans la prise de conscience, l’action réfléchie et la volonté de se transformer. Chaque pas vers la remise en question de ces croyances est un pas vers la libération de notre véritable potentiel. Le défi est grand mais la récompense peut etre inspirante, mettons nous au travail!
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Fondateur de WINGMIND, David Chouraqui est conseiller et coach de dirigeants et d’équipes de direction. Il est spécialisé en audits RH, assessment des dirigeants et accompagnement des changements et des transformations.