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Quand j’interroge des dirigeants sur leurs plus grandes sources de joie et de souffrance dans l’entreprise, ils me donnent souvent la même réponse pour les 2 questions : les autres!
Leurs plus grandes joies sont par exemple lorsqu’ils remportent en équipe un nouveau marché, réfléchissent collectivement à l’avenir de leur entreprise, attirent des talents formidables. Leurs plus grandes souffrances peuvent provenir de la trahison d’un associé, de déceptions avec des employés, de conflits avec des clients.
Les relations qu’ils entretiennent avec les autres, qu’ils soient associés, investisseurs, clients, employés ou partenaires, sont nombreuses et intenses. Et parfois, certaines relations peuvent se transformer en conflits et devenir génératrices de stress et de souffrance pour toutes les parties. Comment tenter d’améliorer la situation?
Je viens de lire un ouvrage passionnant, un petit livre clair et rapide à lire qui s’appelle « Victime, bourreau ou sauveur, comment sortir du piège » de Christel Petitcollin. Son contenu est utile pour améliorer ses relations avec les autres dans le cadre personnel et professionnel.
Au départ un besoin vital, la reconnaissance
L’auteur commence par expliquer que nous avons tous un besoin vital de reconnaissance, que nous cherchons à assouvir en multipliant les contacts humains.
Une façon saine d’interagir avec les autres est de tenter d’obtenir cette reconnaissance de façon positive. D’abord en accueillant ce besoin en nous, ensuite en l’exprimant franchement pour enfin obtenir gain de cause, ou pas. Les entrepreneurs expérimentés que je rencontre appellent ça la transparence. C’est ce qu’ils préconisent comme rapport avec leurs associés ou leurs employés. Ne pas enfouir les problèmes, les partager le plus clairement et sereinement possible et tenter d’y trouver une solution ensemble.
Le jeu du triangle et les 3 rôles
Cependant, nous n’interagissons pas toujours de cette façon et préférons des moyens détournés d’obtenir notre reconnaissance, notamment en rentrant dans un jeu avec l’autre, un jeu dont tout le monde sort perdant. Christel Petitcollin parle du jeu de triangle et de 3 rôles que nous pouvons prendre face aux autres, le rôle de la victime, celui du bourreau et celui du sauveur. Nous pouvons facilement passer d’un rôle a l’autre en fonction des situations et des personnes que nous côtoyons:
- La victime: Pure et innocente, la victime est aussi passive et impuissante. Elle est entourée de bourreaux qui la persécutent et qu’elle rend responsables de tout son malheur. Elle est plaintive et pitoyable et également gaffeuse et exaspérante.
- Le bourreau : Il est rempli d’une frustration qu’il cherche à évacuer sur une victime, plus faible que lui. Il est critique et dévalorisant, blessant et cruel, menaçant voire violent. 2 individus en conflit peuvent chacun leur tour prendre le rôle du bourreau et de la victime. La victime blessée, peut elle même devenir un bourreau persécuteur et ainsi de suite, le cercle vicieux est lancé.
- Le sauveur : bon et généreux, le sauveur infantilise ses interlocuteurs en les abreuvant d’une aide qui n’est pas sollicitée. Pour exercer son pouvoir, lui aussi a besoin de victimes. Fort, altruiste et protecteur, il est également culpabilisant.
Si vous visualisez ces 3 postures, je vous invite à réfléchir aux rôles que vous avez tendance à jouer puis à repenser aux dernières interactions désagréables que vous avez eu pour identifier les rôles de vos interlocuteurs.
Pour entrer dans le jeu, il faut toujours qu’un des 2 participants lance un « appât » à l’autre afin de l’y entraîner. Cela peut être une complainte pour une victime, une provocation pour un bourreau ou bien une culpabilisation pour un sauveur. Je vous invite également à identifier ces appâts.
Et à partir de la, que faire pour éviter le piège et l’engrenage d’une interaction négative et frustrante?
Des pistes pour sortir de nos rôles
- Si je joue la victime: Je dois réaliser que les solutions à mes problèmes sont à l’intérieur de moi, je remplace mes complaintes par des demandes précises, je prends conscience qu’il n’y a pas de bourreau sans victime consentante. Je développe progressivement mon autonomie et ma confiance en moi.
- Si je joue le bourreau: Je dois tenter de comprendre l’origine de mes frustrations et réaliser que l’autre n’a pas à en pâtir. Je développe un esprit de tolérance. Je me rends compte que je critique chez l’autre ce que je m’interdis. Je prends donc conscience des interdits que je me fixe et je peux m’autoriser un peu plus à être moi même.
- Si je suis un sauveur : Je dois tenter de trouver d’autres moyens de nourrir mon ego. Je me rends compte que ce que je crois être une aide peut enfermer l’autre dans une dépendance. Si je souhaite aider l’autre, je peux le faire en privilégiant l’écoute et en favorisant son accès à l’autonomie.
Des pistes pour faire face aux rôles des autres
- Si je suis en face d’une victime: Je refuse d’entendre ses plaintes, je lui coupe la parole pour recentrer la discussion sur un autre sujet ou sur le présent, je l’invite à faire des demandes claires et également à trouver par elle même des solutions. (bien sur, ceci ne s’applique pas aux victimes réelles, celles qui ne jouent pas, c’est à vous d’apprécier)
- Si je suis en face d’un bourreau: Je ne peux être blessé que si je le veux bien, je ne l’attaque pas en retour car il n’est pas prêt à l’entendre. Je me concentre sur sa transgression que je ne laisse pas passer. Je m’affirme tranquillement en l’obligeant calmement mais fermement à me respecter.
- Si je suis en face d’un sauveur: Je refuse d’être considéré comme une victime et je refuse l’aide qu’il me propose. Cependant, je le remercie pour sa proposition d’aide.
Sortir du jeu, pour accéder à l’autre et à moi
Détecter quand un « jeu » se présente et refuser de jouer semble la clef pour rétablir une relation saine à l’autre, une relation empreinte de simplicité et de transparence. Des conflits et des divergences sur le fond peuvent subsister bien sur mais éviter le triangle infernale victime, bourreau, sauveur, c’est déjà autant d’énergie non gaspillée, de stress évité et d’estime de soi gagné.
Débarrassé du jeu, les relations sont plus directes et permettent une vrai rencontre avec l’autre. Je peux enfin m’affirmer, être moi même et considérer l’autre tel qu il est en lui accordant une meilleure écoute.
Pour y parvenir toutefois, il nous faut faire des efforts, en étant vigilant, en aiguisant sa conscience de soi et des autres, et en travaillant sur soi.
Autre difficulté, ne plus pouvoir se cacher derrière un personnage c’est devoir affronter des situations sans pouvoir fuir; m’affronter moi d’abord, l’autre ensuite. Je ne peux me dérober et je dois trancher, décider, accéder à la demande d’autrui ou refuser.
Et si cela peut paraître inconfortable et effrayant, ne plus jouer, c’est donc aussi une belle opportunité d’essayer de devenir celui qu’on est.
Pour aller plus loin
Chez WINGMIND, nous accompagnons les dirigeants et managers pour booster leur performance, leur impact et leur énergie et améliorer leur relations.
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Fondateur de WINGMIND, David Chouraqui est conseiller et coach de dirigeants et d’équipes de direction. Il est spécialisé en audits RH, assessment des dirigeants et accompagnement des changements et des transformations.