Plus de 500 000 entreprises ont été créées en France l’année dernière, selon l’INSEE. Voici autant d’entrepreneurs pour qui les choses ne se sont probablement pas passées comme prévues et c’est bien normal. Entreprendre est une activité risquée, pleine de surprises et d’incertitude. C’est bien pour cela que tout entrepreneur devrait sortir la tête du guidon tous les 12 mois au moins, pour faire un point sur l’année qui vient de s’écouler, un bilan entrepreneurial en quelque sorte. L’objectif d’un tel bilan est de prendre conscience de la réalité de sa situation, d’en tirer des enseignements, d’envisager ses options et enfin de définir un plan d’action pour l’avenir. Si vous êtes entrepreneur, ce début d’année est un moment idéal pour vous poser quelques questions existentielles (sur votre entreprise). Cette réflexion active vous permettra de progresser, d’être plus serein face à l’avenir et de gagner du temps. Vous pouvez mener ce questionnement seul mais je vous conseille de le faire avec quelqu’un de confiance, un coach ou un mentor, pour approfondir ces questions et aller au fond des choses.
Voici 8 questions essentielles pour faire son bilan entrepreneurial:
1. Quels sont vos chiffres de l’année écoulée?
Ceci est le point de départ de votre « reality check ». Les chiffres ne trompent pas, ils sont un parfait reflet de la réalité, mesure la performance de votre entreprise et vous donne les clefs de compréhension de votre situation actuelle. Cela représente du travail en amont (faites-vous aider si nécessaire par un comptable ou un spécialiste) mais il faut que vous mesuriez 3 types de chiffres: ceux qui mesurent votre activité (ventes et volumes/prix), ceux qui mesurent vos marges (marge brute, résultat d’exploitation, résultat net), et les flux de trésorerie (ainsi que la variation de trésorerie). Ensuite, vous devez comparer ce que vous trouvez avec ce que vous aviez envisagé. Ces chiffres sont-ils en dessous, en ligne ou au-dessus de ce que vous aviez prévu? Comment l’expliquez-vous? Vous devez aussi dans ce volet vous demander si le modèle économique de votre entreprise, c’est à dire la façon dont votre entreprise est censée gagner de l’argent, est viable.
2. Qu’avez-vous appris sur votre marché?
Vous vous êtes lancés sur un marché que vous devez probablement bien mieux connaitre un an plus tard. De ce marché dépend votre succès. Quelles sont les caractéristiques, les tendances et les contraintes du marché qui impactent votre entreprise? Il vous faut les reconnaître, pas pour trouver des excuses à vos contre-performances, mais pour en tirer des leçons pour l’avenir. Ces connaissances nouvelles que vous avez acquises sur votre marché doivent vous permettre d’expliquer en partie votre passé pour mieux préparer vos actions à l’avenir. Il vous faut également mieux comprendre vos clients potentiels. Comment fonctionnent-ils vraiment? Sont-ils aussi nombreux que vous le pensiez? De ce que vous apprenez sur eux, quelle est la leçon que vous en tirez pour vous?
3. Quelle est la valeur perçue de votre offre?
Votre offre n’a de sens que si elle répond à un besoin fort de vos prospects et clients. Ceux-ci doivent percevoir la valeur de votre service ou produit pour l’acheter. Il vous faut donc demander leur « feedback » puis l’analyser. Vos prospects et vos clients sont-ils satisfaits par votre offre? Quels sont leurs retours positifs et négatifs? Comment comparent-ils votre offre à celle de vos concurrents? Vos clients reviennent-ils après un premier achat? L’objectif de ce questionnement est d’évaluer l’adéquation de votre offre à votre clientèle cible. Et cela « doit » vous amener à faire évoluer votre offre pour l’améliorer, la rendre plus attractive et pertinente. Comment pouvez-vous améliorer votre offre? Attention à ne pas persévérer plus d’un an avec la même offre en vous disant que ce sont vos prospects qui ont tort…
4. Quelles sont vos ressources financières disponibles?
Le cash est le nerf de la guerre. Combien de trésorerie reste-t-il à votre entreprise? Pour tenir combien de temps? il est « indispensable » de développer un budget de trésorerie (avec vos recettes et dépenses mensuelles) pour les 12 mois à venir. Il y a alors 2 options, soit vous avez assez de trésorerie pour tenir 12 mois (selon vos prévisions), soit ce n’est pas le cas. Il vous faut alors définir le montant de votre besoin de financement pour l’année à venir puis déterminer dès à présent quels vont être vos sources de financement possibles? Apport personnel, nouveaux investisseurs, nouvel emprunt… Sur ce sujet, il vaut mieux être prévoyant et ne pas miser sur un autofinancement basé sur des prévisions trop optimistes.
5. Quelles sont vos compétences et vos incompétences?
Quand vous vendez votre produit ou votre service à vos clients, vous leur faites une promesse, la promesse d’un bénéfice pour eux. Pour réaliser cette promesse, votre entreprise doit avoir développé ou acquis des compétences. Vous devez donc faire un bilan de compétences de votre entreprise pour savoir si vous avez les moyens de vos ambitions. Quelles compétences avez-vous développé cette année? Quels talents avez-vous attiré dans l’entreprise? Quelles sont les compétences qui vous manquent encore aujourd’hui et comment allez-vous les acquérir? Devez-vous embaucher, faire venir un nouvel associé, trouver un partenaire ou un fournisseur, ou bien encore vous former?
6. Votre équilibre personnel est-il satisfaisant?
L’entrepreneuriat est un chemin semé d’épreuves, qui impactent très souvent la sphère personnelle. Il est donc indispensable de faire le point sur votre vie personnelle dans votre bilan entrepreneurial. Comment vous sentez-vous physiquement et moralement? Quel est votre niveau de motivation? Qu’est-ce qui a été le plus difficile d’un point de vue personnel ? Comment y avez-vous fait face ? Quelles sont vos plus grandes sources de stress ? Comment gérez-vous ce stress? Il faut une certaine hygiène de vie et de la discipline pour préserver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle et conserver une bonne santé physique et mentale. Sur ces sujets-la, ne vous négligez pas, parlez-en à vos proches et faites-vous accompagner si vous en ressentez le besoin.
7. Quelles ont été vos réussites et vos échecs?
Voici une belle occasion pour vous de progresser et de vous faire du bien en même temps. Faites 2 colonnes, d’abord, notez tout ce que vous avez accompli, ce que vous avez réussi et soyez en fier. Et dans une deuxième colonne, notez ce que vous avez raté, que vous avez échoué, ce qui n’a pas marché. Robert Allen disait « Il n’y a pas d’échec, que du feedback ». L’échec fait partie de l’apprentissage, il en est peut-être même le principal levier. Un échec n’est pas une sentence, un jugement, il est un résultat, une réponse à une tentative que nous avons faite. Tirez de chaque échec un enseignement.
8. Et pour l’année qui vient, que souhaitez-vous accomplir?
Voici la conclusion de votre bilan entrepreneurial, le questionnement qui prépare votre année à venir. Cette réflexion doit se nourrir des 7 précédentes, elle en est la synthèse et l’aboutissement. Avec tout ce que vous avez appris précédemment, que voulez-vous pour votre entreprise et pour vous-même dans l’année à venir.
Cette phase est d’abord l’occasion de revisiter votre projet, de réévaluer votre proposition pour vous engager à nouveau dans l’année à venir avec une vision, une stratégie et un positionnement qui vous conviennent, au regard de ce que vous avez appris lors des 12 derniers mois. Ce nouveau projet vous semble-t-il être une réponse à un besoin du monde? est-il viable? vous intéresse-t-il? est-il en phase avec vos compétences et vos ressources?
En fonction des réponses que vous apporterez à ces questions, vous pouvez également envisager d’arrêter l’activité. Si vous pensez que le chemin engagé n’est pas le bon et qu’il ne vous mènera pas ou vous souhaitez aller, il est dommage de perdre son temps et de persévérer en dehors de toute logique.
Une fois votre « proposition » revisitée, vous pouvez alors fixer des objectifs annuels pour votre entreprise, puis déterminer comment vous allez y parvenir (le plan d’action) et enfin, retranscrire ces objectifs et ce plan d’action en prévisions financières (sources de financement, ventes, résultat et flux de trésorerie).
Ayez aussi cette démarche au niveau personnel. Quels objectifs personnels vous fixez-vous pour vous-même? Comment allez-vous y parvenir? Quelles sont vos prévisions financières personnelles (besoins financiers personnels et ressources)?
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Fondateur de WINGMIND, David Chouraqui est conseiller et coach de dirigeants et d’équipes de direction. Il est spécialisé en audits RH, assessment des dirigeants et accompagnement des changements et des transformations.